"Nos partenaires doivent dire clairement qu'ils sont prêts à suivre totalement l'UE pour toutes les formes de soutien à l'exportation", a déclaré M. Fischler en confirmant à la presse l'envoi par la Commission européenne d'une lettre proposant aux membres de l'OMC de supprimer ces aides.
Le commissaire a notamment pointé du doigt "les crédits à l'exportation ou les abus de l'aide alimentaire", par lesquels les Etats-Unis subventionnent à hauteur de plusieurs milliards de dollars chaque année leurs exportations agricoles (3,2 mds USD en crédits à l'exportation en 2003).
L'offre européenne "est clairement conditionnée au fait que nos amis américains, nos amis australiens ou nos amis canadiens s'engagent eux aussi à éliminer toutes les formes de subventions à l'exportation qui entraînent des distorsions de concurrence", a-t-il ajouté.
"Nous n'allons pas répéter ce qui est arrivé à l'Uruguay Round, où les engagements de l'UE en matière de subventions étaient fermes - nous les avons réduites - et ceux des autres étaient souples et vagues et rien ne s'est produit", a souligné M. Fischler.
"Il n'est assurément pas question par exemple d'une élimination unilatérale des subventions à l'exportation de blé, pendant que les Etats-Unis continueraient leurs livraisons d'+aide alimentaire+ en relation directe avec leurs besoins d'écouler leurs surplus", a-t-il martelé.
Il a exigé de même que ne soient pas mises en cause à l'OMC les aides internes de l'UE à ses exploitants dans le cadre de la politique agricole commune (PAC).
Franz Fischler, qui s'exprimait lors d'une conférence de presse organisée en marge de la réunion des ministres européens de l'Agriculture à Killarney (sud-ouest de l'Irlande), a indiqué que la Commission avait informé les Etats membres vendredi de son projet, avant l'envoi de la lettre co-signée par le commissaire et son homologue au Commerce Pascal Lamy.
M. Lamy est le chef négociateur de l'UE aux pourparlers de l'OMC sur le cycle de développement de Doha.
"Nous avons informé les Etats membres de ce que nous allions faire... et nous avons obtenu de nombreux soutiens", a déclaré M. Fischler, en réponse à une question sur l'opposition éventuelle de la France, première puissance agricole européenne, à l'idée d'éradiquer les aides à l'exportation.
"Personne ne peut s'attendre à ce que les subventions à l'exportation soient éternellement là. Ce n'est pas la réalité", a-t-il affirmé.
Le commissaire à l'Agriculture a estimé que l'offre européenne, si elle est suivie par les autres poids lourds du commerce agricole international, représentait la possibilité d'une percée dans les négociations de Doha, en panne depuis l'échec de la conférence ministérielle de l'OMC en septembre 2003 à Cancun (Mexique).
"Nous devons être conscients que si nous ne sommes pas en mesure d'arriver à une percée sur les modalités (d'accord agricole) avant l'été, rien ne se passera cette année", a-t-il souligné.
"C'est une question de bon sens que si tous les membres de l'OMC veulent un accord sur un cadre pour les modalités de l'agenda de Doha, toutes les parties doivent bouger, y compris l'UE", a-t-il poursuivi pour justifier la proposition faite par M. Lamy et lui.
"Nous pensons qu'une percée est possible et l'UE est prête à en prendre sa part", a-t-il ajouté.
M. Fischler s'est dit "convaincu" que l'initiative européenne donnerait "le coup de fouet nécessaire pour faire des progrès dans les discussions décisives des prochaines semaines", à Paris, en marge de la conférence ministérielle de l'OCDE, et à au siège de l'OMC Genève, "pour que nous puissions arriver à un accord sur les modalités avant août".
"C'est à nos partenaires de l'OMC de nous rejoindre", a conclu le commissaire. |